
PRESS
Le Monde - 10/2023
Sélection Albums
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Enregistré en concert dans le prolongement du Concours international de piano d’Orléans, que Lorenzo Soulès à remporté, en 2022, à l’âge de 30 ans, ce disque a des allures de feu d’artifice. Son programme, d’une grande cohérence, réunit des pièces à même d’émerveiller et son interprétation, fidèle mais jamais servile, témoigne d’une forte personnalité. Le jeune Français ne se contente pas, par exemple, d’exposer sa vision de l’univers debussyste; il en relève la dimension multipiste à travers des éclairages qui conduisent aussi bien au jazz qu’à certains compositeurs d’aujourd’hui. Des pénétrants Reflets dans l’eau aux vivifiants Poissons d’or, les Images, de Debussy, constituent bien la fontaine de jouvence de la musique française du XXe siècle. Olivier Messiaen s’y est abreuvé et son Catalogue d’oiseaux le prouve sans excès d’allégeance sous les doigts de Lorenzo Soulès. Tour à tour brillant et envoûtant dans les pages les plus récentes (la résonnance poétique de Tristan Murail, la puissance tellurique de Philippe Manoury, la séduction onirique de George Benjamin), le musicien paraît détenir le secret de la source d’énergie connue sous le nom de piano.
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Pierre Gervasoni
WAZ - 06/2023
„Jugend trifft Reife“ beim Klavierfestival-Ruhr in Essen
Der große lyrische Tenor Christoph Prégardien trifft beim Klavierfestival Ruhr auf den jungen Pianisten Lorenzo Soulès. Das Ergebnis überzeugt. Mit seinen 30 Lebensjahren ist der französische Pianist Lorenzo Soulès bereits einer der treuesten Gäste beim Klavier-Festival Ruhr. Seinen nunmehr 21. Auftritt bestritt er gemeinsam mit einem erfahrenen Sänger, dem großen lyrischen Tenor Christoph Prégardien, seit langem geschätzt als Oratorien-Evangelist und als Liedinterpret. Jugend trifft Reife – das kann, wie hier zu erleben war, zu beeindruckend harmonischen musikalischen Momenten führen. In einem klug disponierten Programm, bei dem die beiden Künstler Vergangenheit und Gegenwart ineinander schachtelten, nämlich Schuberts neun Gedichte von Ernst Schulze und Heiner Müllers 11 späte Gedichte „Ende der Handschrift“ aus der kompositorischen Feder Wolfgang Rihms.
Hier Todesvision und Leere in kryptischen Aphorismen, die in vertontem Minimalismus (teils weniger als zwei Minuten dauernd) an die Zweite Wiener Schule erinnern, dort romantisches Empfinden von Liebeslust und Liebesleid in expressivem melodischem Strömen.
Prégardien liegt mit seiner sängerischen Deutungskunst nahe beim legendären Fischer-Dieskau und weiß vor allem im kultivierten Kopfstimmenregister durch subtile Phrasengestaltung zu überzeugen, aber auch („Im Walde“) zur dramatischen Szene zu verdichten. Lorenzo Soulès erweist sich als herausragender Klavierpartner, der souverän zwischen Vorder- und Hintergrund zu changieren weiß und dank seiner Anschlagskultur mit erlesenen Klangnuancen bereichert. So verschmelzen denn auch Schumanns Zwölf Lieder nach Gedichten von Justinus Kerner anschließend zur idealen Einheit von Sänger und Pianist. Großer Applaus in Haus Fuhr und Zugaben.
Klaus Albrecht
ResMusica - 06/2022
Pianos festifs à Lille
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Lille Piano(s) Festival accueille les lauréats du Concours international de piano d’Orléans. Après Mikhaïl Bouzine, c’est Lorenzo Soulès, premier Prix 2022, qui est en concert dans l’Auditorium de la Gare Saint-Sauveur. Il aborde le Premier cahier des Images pour piano de Claude Debussy avec une maturité qui impressionne (il n’a que vingt-neuf ans). Le geste est souple et le toucher aussi sensible que lumineux dans Reflets dans l’eau. La phrase est bien conduite et l’intelligence du texte à l’œuvre dans Hommage à Rameau tandis que Mouvement file sous ses doigts avec un naturel qui subjugue. Le jeune pianiste a mis à son programme deux Études très récentes, Réseaux et Dérèglements, de Philippe Manoury dont on fête cette années les 70 ans ; ce sont deux pièces superbes dont il révèle l’envergure de l’exploration sonore (via la pédale tonale du piano) et la luxuriance du timbre à travers la richesse des accords complexes.
Le deuxième cahier d’Iberia d’Albéniz (le premier était donné la veille par Benjamin Grosvenor) qui termine le récital est à son répertoire, qu’il a travaillé avec Alicia de Larrocha et joue par cœur. L’œuvre s’inscrit dans la thématique de cette 29ᵉ édition fêtant Bartók, et les « Espagnes ». Les lignes chantent sous ses doigts dans Rondeña dont il avive les couleurs et le phrasé incisif. Le jeu est sans exubérance mais dans la volupté du son (rondeur des basses et lumière des aigus) dans Almeria quand l’élégance des tournures mélodiques et le relief des nervures rythmiques confèrent le charme et l’authenticité de Triana. Une grande tendresse s’exprime enfin dans la berceuse de Brahms qu’il donne en bis, évoquant le souvenir de Nicholas Angelich dans le sillage duquel semble s’inscrire cet artiste étonnant.
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Michèle Tosi